"Sauver notre système éducatif" ou "Pourquoi les politiciens ne devraient pas se mêler de pédagogie."

L'éducation est un sujet trop important pour être un argument politique.
L'éducation est un sujet trop important pour être un argument politique.

Je ne supporte plus de voir les politiciens jouer aux apprentis sorciers avec notre système éducatif.


Je me suis toujours intéressée à la politique. Normal, je vis en France, pays de débatteurs invétérés. Nous discutons, tout le temps pour tout, de tout que ce soit à la terrasse d'un café ou autour de la table familiale, nous aimons la controverse, le débat d'idées ...

Par ailleurs, je suis enseignante et mère de famille. Le domaine qui me préoccupe le plus, c'est l'éducation. Vous avez tous vu passer les enquêtes PISA et autres qui nous montrent que le niveau de connaissance de NOS enfants est en chute libre. Si vous fréquentez les réseaux sociaux, vous savez que les profs sont en colère, que les parents, inquiets,  fuient massivement vers l'enseignement privé.

Allez voir le site eduscol , regardez les programmes ! Promenez-vous sur les sites spécialisés en pédagogie : compétences ou connaissances, classes inversées,  EPI, latin pas latin, faire des maths sans faire de maths, chronologie historique ou pas ... et la cerise sur le gâteau: le numérique va sauver le monde.

 

Ça suffit ! L'école est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux mains des politiques.

D'abord, les politiciens ne voient pas plus loin que la prochaine élection. Je ne leur en veux pas. Politicien, c'est un métier, ils gèrent leur carrière. Très bien ! Mais l'école ne peut pas se permettre de travailler sans arrêt sur le court terme. Il faut du temps pour former, instruire, construire. Les réformes incessantes, chacune pire que la précédente, ça suffit !. Il nous faut un système qui ne leur permette pas de mettre le nez dans les programmes quand ça leur chante. Cela leur évitera la tentation de faire de la démagogie, et d'utiliser dans de beaux discours, des arguments de communicants, du type, " les classes bilangues sont élitistes",  ou "on doit éduquer à la citoyenneté" ..."il faut apprendre à apprendre"...

Est-il normal qu'une de mes élèves soit incollable sur le tri sélectif, et incapable de repérer un verbe dans une phrase ou de faire une soustraction quand il y a des retenues ?

Est-il normal, que des bacheliers soient incapables de calculer une moyenne, sous prétexte qu'ils ont suivi une filière littéraire ?

Je n'invente rien, je vous parle de mon expérience, malheureusement ! Et je vis dans dans une région privilégiée, je n'ose imaginer ce que cela peut être dans les zones où se concentrent la misère et l'ignorance.

 

Le diplôme on s'en fiche ! Ce qui compte c'est la connaissance.

Tout a commencé quand on a décidé que tous les élèves devaient avoir le BAC. Cela partait d'un bon sentiment. C'était une époque où un bachelier  trouvait, en général, un emploi. Seulement voilà, rien n'a suivi en terme de politique éducative, pour donner le niveau de connaissances nécessaires à passer le BAC. Donc, on a commencé à "bricoler" les modalités de passage. Comme cela ne suffisait pas, on s'est attaqué aux contenus.

Et de se féliciter, année après année, de mener jusqu'au "Saint Graal " de plus en plus de jeunes. Oui mais voilà, avec un bac, aujourd'hui, on peut... aller pointer à Pôle Emploi.

Les politiciens, obsédés par les chiffres dont ils avaient besoin pour briller sous les projecteurs, ne se sont pas demandé une seconde, si, ce qui les servait eux, servait la population. Nous avons rêvé de 90% des jeunes possédant le niveau de connaissances d'un bachelier des années 70 : nous donnons des cours d'orthographe et de grammaire à l'université et dans les grandes écoles, tant le niveau à l'écrit est indigent. Belle réussite !

 

Arrêtons le massacre !

Nous devons revenir à une éducation raisonnée, et pour cela arrêter la démagogie galopante qui fait qu'on fabrique des illettrés diplômés sous couvert d'égalité des chances. Il faut mettre plus de moyens dans des zones difficiles, c'est normal, mais le but doit être  d'amener les élèves à un bon niveau, pas de capter les bulletins de vote de leurs parents  ou d'acheter une "paix sociale" qui ne peut être que très provisoire.

Si certains enfants ont besoin de 6 ans et même 7 ans pour passer du CP au CM2, tant pis ! Ce qui compte ce n'est pas à quel âge ils entrent au collège mais, que quand ils y arrivent, ils ne se noient pas : lecture, écriture, calcul et  logique ne doivent pas leur poser de problème.


Le brevet des collèges doit redevenir un vrai examen qui sanctionne un niveau de connaissances suffisant pour permettre à l'élève de poursuivre, s'il le souhaite, des études générales ou professionnelles.

Puisque ce n'est pas l'école, mais bien l'instruction qui est obligatoire, il serait plus efficace de dire qu'il faut obtenir le brevet des collèges, pour avoir le droit d'arrêter ses études.


Il faut réformer nos filières professionnelles. Aucun élève ne doit plus y entrer par défaut. Cela les dévalorise et c'est une insulte pour ceux qui y sont par choix. Elles doivent être repensées par les enseignants en collaboration avec les professionnels, pour que l'enseignement et les apprentissages soient adaptés aux métiers auxquels elles préparent.


Enfin, en ce qui concerne les filières générales, il faut en finir avec les bacs "à la carte" et créer un tronc commun assortis de "mineures" : "Sciences" , "Arts et littérature". "Langues"... Les études sont de plus en plus longues et on demande aux élèves de se spécialiser de plus en plus tôt: Cherchez l'erreur !

 

Un changement de philosophie ...

Le discours de l'école devrait être celui-ci :

Nous allons mettre tout en œuvre pour que tu deviennes un adulte instruit, capable d'apprendre tout au long de ta vie, de t'adapter au monde, de te réaliser dans ton travail et dans ta vie sociale. Pour cela, tu vas devoir apprendre, beaucoup de choses. Ce ne sera pas toujours amusant, ce ne sera pas facile, tu devras faire des efforts, accepter d'échouer et de recommencer. Mais nous sommes là pour toi. Nous mettrons en œuvre tout notre savoir-faire pour te permettre d'atteindre ce but, et grâce à ces années passées entre les murs de l'école, tu seras capable de comprendre, d'affronter le monde et de t'y construire un avenir.

 

C.A.


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